Mesurer l’air en citoyen·ne : réflexions sociologiques sur une expérimentation numérique de science participative
Comment concilier l’exercice libre d’une mesure de la pollution de l’air par des personnes non professionnelles, et le caractère protocolaire de la mesure telle qu’il fonde la petite communauté experte des Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) ? Le projet Checkbox est issu de l’initiative de sociologues et d’une AASQA en Auvergne-Rhône-Alpes (Atmo Aura). Il s’est agi de confier des microcapteurs à 70 personnes réparties dans trois territoires, sur trois campagnes annuelles, pour mesurer librement la pollution par particules, avec une attention spécifique sur le chauffage au bois. Le projet s’écartait d’un savoir protocolaire de la pollution de l’air tel que mis en place par une infrastructure spécialisée, et proposait des mesures supposées libres, que les sociologues participant au projet ont montré être enserrées dans un ensemble de normes implicites. Pierre Bourdieu comme Harold Garfinkel, l’un en travaillant sur quelque chose d’aussi personnel que le goût (Bourdieu, 1979), l’autre sur le caractère ordinaire de toute activité (Garfinkel, 2020) ont montré que l’activité humaine n’échappait pas à un caractère ordonné, même dans un cadre défini comme libre. Le projet Checkbox permettait cette confrontation entre l’exercice explicite et protocolaire de la qualité de l’air par les AASQA, et ces implicites qu’on pourrait croire liés à un arbitrage totalement ouvert de la pratique.
- mots-cléspollution atmosphérique
- sociologie du numérique
- sciences participatives
- métrologie
- chauffage au bois