Le sort contre l’État ? La vocation des magistratures urbaines françaises au xviie siècle
À la fin de plus de quarante ans de troubles civils et religieux, les villes françaises connaissent, au xviie siècle, un processus de forte subordination monarchique dont les ressorts sont liés autant aux exigences de la pacification religieuse et de la normalisation politico-sociale absolutistes qu’à l’efficacité et l’extension de la perception fiscale de la monarchie administrative. Son instrument principal est constitué par le contrôle, sous les premiers rois bourbons, des gouvernements urbains dont ils s’assurent l’obéissance et la fidélité en intervenant à différents niveaux des processus édilitaires. Par le recours au sort dans la désignation des principaux magistrats urbains – qu’il soit le fait d’un véritable tirage au sort ou qu’il soit célébré dans l’appareil rhétorique municipal –, plusieurs villes, comme Lyon et Marseille, s’efforcent d’aménager les termes de cette subordination étatique en définissant une autonomie du politique déliée des mécanismes sociaux et financiers assurant l’efficacité de cette dernière. Dans le champ d’une expérience historique d’une génération environ (les années 1630-1660), un modus operandi de la représentation politique urbaine est alors défini que peuvent éclairer les évolutions dramaturgiques immédiatement contemporaines. Une autonomie dont il faudra interroger cependant les finalités exactes qui pourraient, dès lors, être moins celles visant à préserver l’indépendance des villes des appétits monarchiques qu’une ingéniosité institutionnelle et arithmétique chargée d’assurer la satiété de puissance de certains clans édilitaires à l’exclusion de tout autre compétiteur local.
Mots-clés
- Lyon
- Marseille
- xviie siècle
- compétition électorale
- providence
- absolutisme
- probabilités