L’introduction du tirage au sort dans les élections dans la République de Genève (1691)
À partir de 1691, le sort intervient à deux niveaux dans les élections des magistrats de la République de Genève. Au stade de la nomination en Petit Conseil, dans les élections des auditeurs, du procureur général et du trésorier général, on « retranche » au hasard un tiers des billets, qui sont brûlés avant le dépouillement. Pour les auditeurs, le sort intervient à nouveau au stade de la « rétention » finale des prétendants par le Conseil général : avant le vote des citoyens, deux des six prétendants sont « exclus par la boule noire ». Si la pratique du « retranchement » est abandonnée en 1700, le recours aux « boules noires » continue jusqu’à la Médiation de 1738. Si les sources existantes permettent difficilement d’évaluer l’effet du sort dans les élections, nous pouvons en revanche nous pencher sur la façon dont il a été justifié lors de son introduction en 1691, et sur les problèmes qu’a pu poser sa mise en place pour les différents acteurs. Il s’agit d’abord de décourager les brigues « en rendant la nomination incertaine ». Ce recours au sort s’inscrit aussi dans une réflexion plus large sur la difficulté de moraliser les élections, et constitue une réponse aux critiques de plus en plus nombreuses sur le manque d’efficacité des serments. Nous montrerons enfin quels problèmes posait la mise en scène du tirage au sort – recours à un enfant, exclusion en Petit Conseil ou « à la vue du peuple » ?
Mots-clés
- tirage au sort
- Genève
- xviie siècle
- république (période moderne)
- brigues électorales
- serments