Le Kübellos dans le canton de Glaris : une expérience inédite de tirage au sort

II. Le monde médiéval et le monde moderne
Par Antoine Chollet, Aurèle Dupuis
Français

Entre le xviie siècle et le début du xixe siècle, le tirage au sort est utilisé de façon très variée dans ce qui deviendra plus tard la Suisse. Quatre foyers principaux se démarquent : les cités-États oligarchiques (Berne, Bâle et Schaffhouse principalement), les cantons « démocratiques » (en particulier Glaris et Schwytz), la répartition de certains biens rares dans les communautés alpines et les institutions de la République Helvétique (1798-1803).
Dans cette contribution, nous nous intéresserons principalement au cas du canton de Glaris, qui, de 1640 à 1836, utilise largement le tirage au sort pour désigner certains de ses magistrats. Il s’agit là d’un des derniers exemples d’utilisation du tirage au sort en Europe pour ce qui concerne les communautés politiques souveraines. Sa persistance jusqu’au moment de la disparition presque totale du tirage au sort en Europe en fait un cas historique précieux susceptible d’éclairer d’un jour nouveau les raisons d’une disparition encore aujourd’hui partiellement inexpliquée. Il constitue de plus l’un des très rares exemples, avec l’Athènes antique, mais selon des modalités évidemment très différentes, d’utilisation du tirage au sort dans une communauté organisée de manière au moins formellement démocratique, avec une assemblée de tous les citoyens qui se réunit régulièrement et dispose de certains pouvoirs. Instaurant des procédures de sélection inédites, notamment un double tirage au sort incluant tous les électeurs à partir de 1791, le cas glaronnais mérite donc une attention historique toute particulière.

Mots-clés

  • tirage au sort
  • Suisse
  • Glaris
  • Ancien Régime
  • assemblée citoyenne
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